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11 janvier 2019

Archibiotecture : quand la nature inspire la ville de demain

Encore un néologisme digne du XXIe siècle. C’est un concept architectural, une vision, créé par l’architecte belge basé à Paris Vincent Callebaut. L’idée est de combiner architecture, biotechnologies et technologies de l’information et de la communication (TIC) pour bâtir la cité de demain qui intégrera nature et production d’énergie pour une économie circulaire.

En 2050, dans 30 ans, il y aura 9 milliards d’êtres humains sur Terre. 60% d’entre eux vivront dans les villes, c’est dire si nos constructions et les futurs projets ont besoin d’un sacré coup de fouet pour se renouveler pour pouvoir accueillir tout ce monde. Au moment où une crise économique accompagne une crise écologique, un architecte originaire de Belgique vient proposer ses plans architecturaux utopiques pour redessiner la ville de demain. Vincent Callebaut, la quarantaine, a développé ce qu’il appelle l’archibiotic : architecture + biotechnologies + technologies de l’information et de la communication (TIC). Il s’inspire de la nature pour y trouver les formes qui soient en adéquation avec la fonction tout en mettant en avant les dernières innovations techniques.

 

Pour le Belge basé à Paris, il est grand temps de réinventer la ville et la campagne. Il sera nécessaire de bouger moins, parcourir moins de kilomètres pour atteindre sa destination, et bouger mieux. Aussi, la ville ne fera qu’un avec la nature : dans la tête de l’architecte fleurissent des projets grandioses dont les formes rappellent le vivant et qui sont de véritables jardins suspendus avec une flore très fournie. Ces véritables éco-quartiers doivent renaturer la ville, la densifier à la verticale, ramener l’agriculture au centre de la cité pour devenir urbaculture, être auto-suffisant en énergie et en produire plus qu’ils n’en consomment et enfin respecter de manière générale l’environnement.

 

Un poumon naturel au cœur de la ville

 

En train d’être terminée, la tour Tao Zhu Yin Yuan à Taipei est un exemple parfait d’un projet d’archibiotic. Sa forme s’étend tels deux brins d’ADN sur 20 étages. Le bâtiment comptabilise 45'000 m2 de logements et peut se plier comme un roseau sans rompre pour contrer les typhons et les tremblements de terre. Sur l’ensemble de l’édifice seront plantés 23'000 plantes et arbres afin qu’ils captent le CO2 de l’air alentour grâce à la photosynthèse. Cet immense jardin vertical pourra absorber 135 tonnes de CO2 chaque année et créera toute l’énergie dont il a besoin sur place.

 

Les architectes, pour répondre à ces nouveaux défis et réaliser de véritables éco-bâtiments, doivent mélanger et croiser les différentes disciplines dans le design des constructions pour parvenir à leur fin. Ainsi, les centres-villes auront le meilleur de la vie en campagne et les avantages de la ville. Ce que souhaite également Vincent Callebaut, c’est réexaminer le développement urbain. Aujourd’hui, c’est Le Corbusier et le courant architectural moderniste qui font loi : le citadin réside dans un quartier dédié à sa classe sociale, travaille ailleurs, se distrait encore dans un autre endroit. Beaucoup de mobilité, beaucoup de temps perdu, beaucoup de pollution. L’architecte belge souhaite que les villes se densifient verticalement et que les fermes aussi deviennent verticales. C’est ce que propose son projet à Manhattan « Dragon Fly », une vraie construction autarcique qui se suffit en énergie et en alimentation tout en accueillant des bureaux et des logements.

 

Aux alentours de New Dehli, c’est une réelle forêt que souhaite voir pousser l’architecte. Son petit nom : « Hypérion », du nom du plus haut séquoia au monde. Il s’agit de six tours reliées entre elle sur 36 étages. Vincent Callebaut veut y voir une renaturation urbaine pour urbaculteurs du XXIe siècle. La construction se situe dans une région balayée par des décennies d’usage de pesticides, et l’Hypérion devrait jouer le rôle de purificateur des sols. Un écoquartier actif. Dans la banlieue du Caire, c’est « The Gate » dans le quartier d’Heliopolis qui verra le jour avec ses 450'000 m2 et accueillera bureaux et centre commercial. Sur le principe de la termitière et sa cheminée, le bâtiment disposera de neuf cheminées à vent pour refroidir l’air qui entre à 45°C et descend dans le sol pour se rafraichir à 18°C. Ce système fait économiser 70% de la ventilation mécanique.   

 

Sur les ruines de Mossoul

 

Blindés et frappes aériennes ont dévasté la ville irakienne de Mossoul, ne laissant qu’un champ de ruines. La destruction est estimée entre 50% et 75% de la cité. Vincent Callebaut souhaite rebâtir et reconstruire sur les ruines de Mossoul et non pas dans sa périphérie. Le projet des « 5 ponts agricoles » veut voir renaître les 5 ponts qui reliaient les quartiers Ouest et Est avant d’être détruits. Au total, 55'000 logements pourraient voir le jour et les ponts seraient recouverts de fermes urbaines pour donner une autonomie alimentaire aux habitants. Encore à l’état de concept, ce projet a valu à Vincent Callebaut le prix Rifat Chadirji du concours « Rebuilding Iraq’s Liberated Areas : Mosul’s Housing ».

 

L’architecture biomimétique, qui imite la nature, a cet avantage qu’elle s’inspire directement et puise ses idées dans un domaine qui a connu des millions d’années d’évolution, d’adaptation, pour atteindre la perfection dans la fonctionnalité. Avec 40 projets en tête, Vincent Callebaut vise un changement de paradigme dans notre société, pour qu’elle tende vers plus d’écologie, d’autosuffisance alimentaire bio, de confort et de mobilité.

 

En décourvir plus sur http://vincent.callebaut.org/

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