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02 février 2018

Herzog & De Meuron, «starchitectes» suisses à la renommée mondiale

Figures de proue de l’architecture contemporaine, Jacques Herzog et Pierre de Meuron imaginent, depuis plus de trente ans, de somptueux édifices aux quatre coins du monde, comme autant de témoignages de l’alliance subtile du modernisme et de la poésie.

Ils n’ont pas de site internet. Leurs bureaux bâlois ne se visitent pas et tout ce qui en sort doit avoir été avalisé par le tandem. Les architectes Jacques Herzog et Pierre de Meuron cultivent la discrétion et contrôlent leur image au millimètre. Ce qui ne les empêche pas de figurer dans le top mondial de l’architecture. La Tate Modern de Londres (2000), c’est eux. Tout comme la tour Roche de Bâle – la plus haute de Suisse – ou l’hôtel Astor de Manhattan (2001). Les Bâlois resteront dans les mémoires comme les créateurs du stade olympique de Pékin. Le «Nid d'oiseau», emblème des JO 2008, a été vu par des millions de téléspectateurs des cinq continents. Il assure aujourd'hui aux Suisses une renommée sans équivalent en architecture.

 

Nobélisés en architecture

 


 

Herzog et de Meuron accèdent au statut de stars mondiales en 2001, lorsqu'ils obtiennent le Prix Pritzker pour la Tate Modern, à Londres. Les bâlois sont les premiers suisses à remporter ce Nobel de l'architecture. À l’époque, le jury loue leurs traitements et leurs techniques novateurs des matériaux et des surfaces. En 2007, nouvelle consécration au Japon. Le duo figure parmi les lauréats du Praemium Imperiale, le Nobel des arts. Les Bâlois ne sont plus seulement des architectes de génie. Ce sont des artistes à part entière.

 

Nés pour être ensemble

 

Jacques Herzog et Pierre de Meuron voient le jour en 1950 à Bâle, à trois semaines d'intervalle. Amis dès l'école enfantine, ils étudient ensemble l'architecture à l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). Après avoir obtenu leur diplôme en 1975, ils deviennent tous deux assistants du professeur Dolf Schnebli, avant de s'associer et d'ouvrir leur bureau en 1978 à Bâle. Leur travail sur des villas privées attire l'attention de l'étranger dès la fin des années 1980.

 

Un style passionnément infidèle

 

Les deux architectes percent au niveau international en 1987, avec le dépôt Ricola à Laufen. La transparence des façades permet de lire l'intérieur de l'édifice, comme une sorte de filigrane. Autre jalon, le Dominus Winery à Yountville, dans la Napa Valley californienne (1998). L'édifice repose sur des empilements de paniers métalliques remplis de pierres, une méthode que l'on réserve habituellement aux routes. La réalisation rencontre un grand intérêt aux Etats-Unis, où ils sont ensuite mandatés pour plusieurs musées. Leur style? «Passionnément infidèle», des mots mêmes de Jacques Herzog.

 

Un rayonnement mondial

 

Depuis 1994, ils enseignent à la fameuse Université de Harvard, aux Etats-Unis. Ils sont également professeurs à Bâle, à l'antenne d'architecture de l'EPFZ, depuis 1999. Leur atelier occupe d'anciens garages et halles de fabrique à un jet de pierre du Rhin. L'entreprise emploie 305 collaborateurs de 33 nationalités différentes, avec des succursales à Londres, Munich, Barcelone et San Francisco.

Le succès fait qu'ils peuvent choisir avec qui ils travaillent. Partenaires de toujours, Jacques Herzog et Pierre de Meuron collaborent très souvent avec des artistes comme Ai Weiwei, Joseph Beuys et Remy Zaugg ce qui leur permet de développer des projets uniques, sans recours à un style-signature. Ils viennent d’achever la Philharmonie de l’Elbe à Hambourg, un projet de transformation d’un entrepôt en salle de concerts symphoniques.

 

Bâle, la terre mère

 

La région bâloise réunit un grand nombre de leurs travaux: le stade Saint-Jacques, un laboratoire pour Novartis, un autre pour Roche, le Schaulager à Münchenstein, un lieu d'exposition conçu comme un «entrepôt d'art». En toute logique, il revient à ces enfants de la cité d'ériger la tour Roche, devenue en 2015, le plus haut gratte-ciel de Suisse avec ses 154 mètres. Situé sur la rive du Rhin, le bâtiment en forme de spirale compte 42 étages.

Bâle n'a rien à envier à Zurich en matière d'architecture. Forte d'une longue tradition culturelle, muséale et artistique, la ville héberge un vivier de bureaux tout aussi dense que la métropole économique. Dans ce domaine, la cité rhénane doit beaucoup à une excellente Haute École spécialisée (HES). L'École polytechnique fédérale de Zurich, peu portée sur la décentralisation, y a ouvert un studio pour les étudiants en architecture.

Le bureau Herzog de Meuron produit en outre un effet d'entrainement. Une bonne moitié des ateliers récents ont été fondés par des anciens de la firme. Le nord du pays agit comme un aimant pour les jeunes architectes de Berne, Lausanne ou Genève. Et contribue au rayonnement mondial de l’architecture suisse.

 

QUELQUES-UNS DE LEURS PLUS BEAUX PROJETS

 

La collection Goetz

 

Ville: Munich (Allemagne)

Type de bâtiment: Galerie d’art contemporain

Inauguration: 1992

 

Vitrahaus

 

Ville: Weil am Rhein (Allemagne)

Type de bâtiment: Boutique, showroom

Inauguration: 2010

 

Parc Saint-Jacques

 

Ville: Bâle (Suisse)

Type de bâtiment: Stade de football

Inauguration: 2001

 

Philharmonie de l’Elbe

 

Ville: Hambourg (Allemagne)

Type de bâtiment: salle de concert

Inauguration: 2017

 

Tate Modern

 

Ville: Londres (Royaume-Uni)

Type de bâtiment: Musée

Inauguration: 2016

 

«Nid d’oiseau»

 

Ville: Pékin (Chine)

Type de bâtiment: stade

Inauguration: 2008

 

Tour triangle

 

Ville: Paris (France)

Type de bâtiment: habitation

Inauguration: en cours

 

«56 Leonard»

 

Ville: New York (Etats-Unis)

Type de bâtiment: habitation

Inauguration: 2017

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