Tadao Ando : l'architecte du vide et de l'infini
Grand amateur de Le Corbusier, artiste à la spiritualité forte, au style ascétique, passionné, original, plein de spiritualité et de quiétude, Tadao Ando est considéré aujourd’hui comme une star internationale de l’architecture.
Une architecture humaniste
Né en 1941 à Osaka, Ando n’avait que 10 ans lorsque l’architecture vivait l’un de ses plus grands bouleversements avec la montée en puissance du design organique, et l’émergence des premiers « Case Studies » californiens (maisons au design novateur), notamment ceux réalisés par le couple Eames (nous avons écrit à ce sujet, cliquez ici pour lire toute l’histoire).
Une époque définie par le grand maître japonais comme un temps où les architectes et designers avaient à cœur de proposer une vision réellement contemporaine de l’habitat. Des objets, des bâtiments, construits autour de l’humain et surtout pour l’humain : voilà une philosophie qu’aujourd’hui encore Ando vise à transmettre à travers ses immeubles. Une vision pérenne, résolument humaniste, bien au-delà du big business.
La force tranquille
Fasciné très tôt par les mathématiques et le bois, Ando est issu d’une famille modeste qui n’a pas pu lui financer de grandes études. Contre toute attente, le jeune homme décide de devenir architecte et comprend que son salut passera par l’originalité de ses idées et non pas par les écoles qu'il aurait pu fréquenter. Après avoir gagné pas mal de concours nationaux, il voyage à travers le monde (notamment en France, à Paris) en quête d’inspiration et travail pour des bureaux d’architectes avant de se mettre à son compte, en 1969.
Ancien boxeur professionnel, Tadao Ando possède 12 rencontres à son actif (ce qui lui a d’ailleurs permis de financer ses voyages) et considère la création comme un combat. Il faut aller de l’avant, toujours avoir un coup d’avance, et ne jamais laisser tomber. C’est cette énergie positive, cette sérénité combative qui se ressent dans ses immeubles et qu’il transmet à sa petite équipe de 25 personnes, au quotidien.
Contribuer de façon concrète à la vie des gens
Son parcours est résolument atypique, comme évoqué précédemment, aucune grande école ou université prestigieuse à mettre à son palmarès, Ando est un « self made man » qui a tout au long de sa carrière collectionné un nombre impressionnant de projets, dans le monde entier.
Bâle, Trévise, Marseille, Pékin, Venise, New York, Forth Worth (Texas), Manchester, Düsseldorf ; il y a tant de villes où se trouvent des bâtiments dessinés par ce « poète du béton » qu’il serait illusoire de les énumérer toutes…
Suivre le mouvement des hommes
Depuis plus de 40 ans, Tadao Ando relève le défi de la création, entre praticité et beauté, sans faire de compromis. Preuve en est, lors du terrible tremblement de terre qu’a subit la ville de Kobe (Japon) en 1995, aucun des 35 buildings dessinés par Ando n’a subi le moindre dégât. Le beau et le pratique, disait-on.
L’exemple des immeubles tokyoïtes de Frank Lloyd du début des années 40 - ayant survécu à des cataclysmes équivalents - a profondément inspiré Ando dans sa façon de penser l’architecture. Un immeuble doit savoir protéger les personnes spirituellement autant que physiquement.
Ressentir la fusion entre la nature et le bâtiment
La nature et ses éléments (eau, lumière, végétation, etc.), l’environnement et le choix méticuleux des matériaux sont au cœur même du message architectural de Tadao Ando. Chacune de ses créations possède un but précis et fonctionnel, c’est aussi le résultat d’un travail subtil, extrêmement sensible qui vise à susciter des interrogations au sein du visiteur, le toucher en plein cœur, le poussant à aller outre la « simple » compréhension de l’espace donné, éprouvant ainsi une réelle émotion destinée à perdurer.
Ode à la culture nipponne
Ses créations sont comme des sanctuaires, des lieux de réflexion, de sérénité, des bâtiments profondément humains et « vivants », dont la conception nous renvoie directement à celle des jardins nippons. D’ailleurs, les immeubles de Tadao Ando, sa façon de célébrer la nature en toute simplicité, sont indissociables de la culture japonaise. Comme l’a dit le Maître lui-même lors d’une récente interview : « il n’y a qu’un japonais pour faire ça ».
Quelques-uns de ses plus beaux projets
Church Of Light
Ville : Ibaraki (Japon)
Type de bâtiment : église
Date d’inauguration : 1989
Benesse House Museum
Ville : Naoshima (Japon)
Type de bâtiment : musée d’art contemporain
Date d’inauguration : 1992
Punta della Dogana
Ville : Venise
Type de bâtiment : musée d’art
Date d’inauguration : 2009 (rénovation)
Asia Museum of Modern Art
Ville : Wufeng, Taichung (Taiwan)
Type de bâtiment : musée d’art moderne
Date d’inauguration : 2013